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Les chroniques polars et bédé        de Claude Le Nocher - ABC POLAR

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Grazia Verasani : À tous et à personne (Éd.Métailié, 2012)

 

12-VERASANIBologne, capitale de la région d’Émilie-Romagne, grosse agglomération du Nord-Est de l’Italie. Fille d’un ex-adjudant de gendarmerie, Giorgia Cantini est détective privé dans cette ville. Quadragénaire célibataire ne croyant guère en l’amour, elle vivote de ce métier peu passionnant. Parfois, du sexe hygiénique, mais aucune liaison amoureuse durable. Elle entretient une relation amicale avec le policier Luca Bruni, marié, et fréquente une poignée d’amis. Son père insiste pour qu’elle prenne une assistante, Genzianella Serafini, une étudiante âgée de vingt-six ans qui se cherche un but dans la vie. Peut-être sera-t-elle finalement, malgré son impossible prénom, un atout utile dans l’affaire en cours.

Une cliente vient de s’adresser à Giorgia. Cette femme de caractère voudrait comprendre pourquoi sa fille Barbara, dix-sept ans, sèche les cours depuis quelques semaines. Giorgia rencontre aussi le père de la jeune fille, un cinéaste narcissique. Moins alarmiste que son ex-épouse, celui-ci s’inquiète un peu aussi. La détective prend Barbara en filature durant plusieurs jours, se pensant discrète. La jeune fille entre en contact avec sa suiveuse, via une conversation autour de l’art, ce qui passionne Barbara. Elle invite bientôt Giorgia dans une soirée de la bourgeoisie locale. Absente de cette fête, l’adolescente n’a pas pris l’avion pour Londres, comme Giorgia pouvait le penser. Avec Barbara, “Où est le problème ?” s’interroge la détective. La militante associative Maria Laura Draghi lui apporte l’esquisse d’un début de réponse.

Par ailleurs, Luca Bruni enquête sur le meurtre de Franca Palmieri, assassinée d’un coup de couteau dans le parc d’un quartier modeste. Ce femme mûre traînait régulièrement dans un des bistrots du secteur, où elle aurait été maltraitée par un nommé Manuel Ferri. Son activité de cartomancienne semblait correspondre à sa personnalité instable. Giorgia se souvient très bien d’elle, car toutes deux vivaient jadis dans le même quartier. La détective appelait Franca “La fille aux crapauds”. Non pas pour son physique ingrat, mais parce qu’elle recevait chez elle tous les jeunots des environs. Sans se prostituer, juste par goût de la chair fraîche. Pour Giorgia, c’est l’occasion de revoir des copains de jeunesse. Davide Melloni, dit Mel, ou Nino Savelli, devenu carreleur, ont bien connu Franca autrefois. Mais le monde a tant changé depuis cette époque où tous étaient plus insouciants…

C’est un bon roman, sans nul doute. Néanmoins, il peut susciter de nombreuses réserves. À travers ce personnage de Giorgia, l’auteure semble s’adresser à une génération désabusée, dont elle fait partie. L’héroïne a fait le choix d’une certaine marginalité, peut-être inhérente à l’époque qu’elle a connu plus jeune. C’est flagrant en ce qui concerne les références musicales et culturelles, dont elle nous abreuve plus que nécessaire. La nostalgie n’est agréable qu’à doses mesurées. Quant au regard qu’elle porte sur l’évolution de la société, il n’est pas ironique mais assez dur. On cherche vainement une trace d’humour dans sa vision de notre temps. Certes, l’Italie n’est pas plus exemplaire qu’un autre pays, mais est-ce si invivable ? La tonalité générale est empreinte de beaucoup d’amertume. Trop, nettement trop, pour rendre le récit vraiment captivant. Cela dit, n’oublions pas le positif. Autour du cas de Barbara, l’auteure évoque un sérieux problème de société. Et dans l’affaire de “La fille aux crapauds”, on pourra apprécier les deux étapes du dénouement, très réussi. D’autres auront probablement une opinion plus enthousiaste. Si je ne regrette pas de l’avoir lu, ce roman noir pessimiste ne m’a pas totalement convaincu.

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