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7 Juillet 2010
Les Mérour forment une famille ordinaire. Le père est kiné, la mère l’assiste. Ils ont deux enfants : Mélodie, 15 ans, et Petit Louis. Ils habitent
une ville du grand Ouest de la France. Leur vie est paisible et heureuse. Elle bascule un matin quand le père est emmené par la police pour interrogatoire. Dans la tour où il exerce, la grande
Pyramide, une vaste affaire de pédophilie vient d’éclater. Son cabinet puis leur domicile font l’objet d’une perquisition. Parmi d’autres, le kiné est accusé par le couple Ruttard. Face aux
absurdes soupçons, son épouse reste combattive. Mais elle est bientôt inculpée, elle aussi.
La descente aux enfers commence pour la jeune Mélodie. Elle est placée dans un foyer de la DDASS, ni miteux, ni agréable. Sa voisine de chambre l’aide à surmonter l’épreuve. Son ex-amie Joanna
noircit sa réputation. Une psy-Barbie n’a pas l’intention de s’apitoyer sur elle. Accablée, sa mamie est une victime annexe de l’affaire. L’un des accusés s’est aussi suicidé. Pour le juge
Sibérius, ainsi que l’appelle Mélodie, le dossier suit lentement son cours. Quand la mère de Mélodie est remise en liberté surveillée, il lui faut d’abord régler dettes et factures qui
s’accumulent. L’argent offert par le papy veuf n’y suffit pas. Leur maison vendue, Mélodie et les siens s’installent dans une banlieue sordide.
Cette fois, c’est la chute libre dans un puits sans fond. Mélodie se laisse contaminer par la médiocrité. Remonter la pente vers une vie plus décente ne sera pas facile. Après trois ans de
galère, arrive le procès espéré et redouté...
Cette histoire s’inspire de la « catastrophe judiciaire » réelle qui a secoué l’institution et marquera longtemps les esprits. Des médias hypocrites en donnèrent souvent une version faussée, qui vira au spectaculaire. A l’opposé, à travers le récit de Mélodie, Hervé Jaouen évoque le sort des autres victimes : les proches des accusés innocents. C’est un regard sans concession sur notre société actuelle, avec ses tares, ses failles, ses maux, sa partie visible ou fantasmée. « A force d’être sali, on se persuade que sa place est dans la saleté » dit Mélodie. Grâce à une flagrante sensibilité humaniste, l’auteur nous fait partager l’injustice qu’elle subit. L’écriture est d’une lucidité percutante, réaliste jusqu’à la dureté, toujours d’une justesse absolue. Pas de démagogIe larmoyante dans ce roman-vérité, sombre et poignant, incitant à la réflexion...