Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les chroniques polars et bédé        de Claude Le Nocher - ABC POLAR

1850 chroniques - faites défiler la page - ou cliquez sur l'initale du nom de l'auteur recherché

Pascal Martin : L’Ogre des Landes (Presses de la Cité, 2009)

09-MARTIN-PascalÀ Noël, le cadavre d’une femme nue est déposé devant le Ministère de l’Intérieur. Gavé comme celui d’une oie, ce corps est contaminé par un savant dosage de virus et autres prions. Un maître chanteur signant “l’Ogre affamé” exige une énorme rançon. Il menace de répandre une épidémie en diffusant des boites de foie gras humain mortel. Le délai étant trop court pour trouver l’antidote, l’État n’a d’autre choix que de payer. Conscient du risque d’un nouveau futur chantage, le ministre va tout faire pour identifier le responsable.

Huit mois plus tard, Vincent Romain (dit Le Bonsaï) participe à un grand rassemblement scout quand Foch fait appel à lui. Le chef de l’Œuvre, mystérieuse organisation employant d’anciens orphelins pour résoudre des cas très particuliers, envoie Le Bonsaï dans la région des Landes. Il est “invité” par un Russe nommé Zinoviev, qui a créé un camp de vacances sur une ancienne base militaire française. La philosophie et les rites du camp d’Écovie s’inspirent de ceux des tribus Bororo, décrites dans le livre Tristes tropiques. Ici, de puissants dirigeants du monde socio-économique effectuent un “retour à la nature” destiné à les rendre plus combatifs et efficaces. Toutefois, un certain confort leur est accordé. Par exemple, lors de soirées “coloniales” laissant sceptiques Le Bonsaï.

Celui-ci se sait manipulé par Foch, mais ignore les motifs exacts de sa mission. Il est même prêt à s’en aller. Ludmilla, une amie de Zinoviev, s’arrange pour le retenir. L’énigmatique “Ogre des Landes” est-il vraiment l’adversaire que devra affronter Le Bonsaï ? Ou s’agit-il de ces frères Vachon, une brute et un scientifique occupant une partie du camp, qui s’opposent à Zinoviev ? Il semble que Juvénal Vachon ait conçu un maïs aux qualités exceptionnelles, que toute la fortune du Russe ne pourra pas acheter. Le Bonsaï s’interroge aussi sur ce Dr Heinrich, associé du Russe…

L’inspecteur de police Le Meur connaît bien Le Bonsaï. Sans doute est-ce pour cela qu’il a été choisi par le ministre en personne pour enquêter sur la victime de Noël, Mathilde Belon. Il comprend bientôt que ce camp d’Écovie recèle de dangereux secrets. Il profite d’une journée Portes Ouvertes peu avant la fermeture du camp pour le visiter. Le Meur remarque la présence du Bonsaï, ainsi que d’une jeune femme qui lui est chère. De son bureau parisien, le ministre suit l’affaire en permanence grâce à des caméras satellites. L’enjeu étant crucial, il a fait alliance avec l’Œuvre. Après le départ des clients du camp, la partie mortelle va démarrer. Prisonnier des lieux, Le Bonsaï n’est pas seul pour faire face au danger. Son intelligence et ses capacités inventives suffiront-elles à éviter le drame ?

Il n’est pas nécessaire de formuler un bien long commentaire pour confirmer que Pascal Martin nous propose une fois encore une excellente histoire. Il maîtrise à merveille cette tonalité hors norme, composée de mystère, d’étrangeté, de questions imprécises - mais capitales pour le récit, et d’une bonne dose de cynisme. Déstabiliser le lecteur, tel est le but de cet auteur. Lire un de ses romans signifie pénétrer dans un univers décalé, sans nos points de repère habituels. Bien sûr, le parcours de certains personnages s’appuie sur une part de réalisme. Toutefois, leur monstruosité va au-delà de celle des ordinaires serial killers. Les péripéties qui se succèdent alimentent un suspense permanent (bien plus riche que les quelques éléments évoqués dans ce résumé). Quant au thème, il est universel : la volonté de dominer l’humanité, même en usant des pires moyens. Ce septième titre de Pascal Martin est encore plus troublant et savoureux que les précédents.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :