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Les chroniques polars et bédé        de Claude Le Nocher - ABC POLAR

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Sokal : Piège de miel - Canardo, 21 (Casterman, 2012)

 

12-CARNARDO21Le détective privé Canardo est en mission, employé par les services d’espionnage belgambourgeois. Pendant que les agents secrets placent caméras et micros dans une chambre d’un luxueux hôtel bruxellois, Canardo prend en filature la voiture de Burt Boverpick, ministre de la culture du Belgambourg. Conduit par Wolfgang, il se rend en Belgique pour d’importants entretiens bilatéraux. Une initiative qui déplait sévèrement à la Duchesse de Belgambourg. C’est elle qui a lancé cette opération destinée à lui causer du tort, affaire qu’elle suit de près par téléphone. Par hasard, Boverpick fait la connaissance d’une séduisante jeune femme bloquée par une panne de voiture, Betty. Il propose à la séduisante quadragénaire de l’accompagner à destination. Amateur de jolies femmes, Boverpick ignore qui est vraiment Betty. C’est une prostituée de haut vol, l’appât du piège qui le vise.

Canardo est chargé de contrôler le bon déroulement du traquenard. La capricieuse météo hivernale va enrayer la méthodique opération. Neige, accident bloquant l’autoroute, détour par la campagne, routes peu praticables. Voilà Boverpick et Betty contraints de passer la nuit dans une chambre d’hôtes. Le comte Amaury de la Sapinière, noble désargenté, les accueille ainsi dans son château nécessitant bien des réparations. S’étant alcoolisé pour se réchauffer, Canardo ne tarde pas à se réfugier lui aussi au château. Ce changement de programme n’est pas tragique pour la Duchesse de Belgambourg. En effet, le comte est un de ses cousins. Sur place, elle peut compter sur une complicité. Bien que Boverpick soit un officiel important et un homme marié, Betty pense avoir trouvé l’amour de sa vie. Elle se donne à lui avec fougue, mais ne tient plus du tout à le compromettre…

Il est d’usage, lorsqu’on évoque Carnardo et les personnages qui l’entourent, avec leurs têtes animales et leurs corps humains, de parler d’univers anthropomorphe. Il convient de dire qu’il incarne un détective dépressif donc alcoolique, désabusé sur ses contemporains, ne répondant pas complètement à des critères moraux. Il faudrait même souligner l’antagonisme relatif, entre la tradition du conte ou de la fable et la noirceur des scénarios. Alors que ces derniers rejoignent les versions originales des contes pour enfants, généralement très cruelles. Oui, on devrait se montrer bien conformiste, voire analytique, pour évoquer Canardo.

Sauf si l’on fait partie des ancêtres qui, comme moi, ont découvert ce héros dans le magazine (À suivre) il y a une trentaine d’années. Avec, en particulier La marque de Raspoutine. Trench-coat, bagnole de légende, cigarettes et alcool à profusion, affaires glauques, tels sont les symboles d’un enquêteur intemporel. Si Humphrey Bogart n’avait pas une tête de canard, sa vraie voix était aussi nasillarde que ces palmipèdes. Dire que l’on a suivi les vingt-et-une aventures de Canardo au fil des années, évidemment pas. Mais il fait partie de ces illustrations décalées du mythe polardeux qu’on aime à redécouvrir, de temps à autres.

Il faut avouer que cet album avec des protagonistes qui bandent comme des cerfs face à des belles aux yeux de biches est drôlement sympathique. On irait volontiers tester les alcools de mirabelle hors d’âge de ce château enneigé, ou patiner sur son étang glacé. Ouais, encore que le climat hivernal de Wallonie n’incite pas trop l’ami Canardo à la gaudriole. Comme dit la Duchesse, le vieux briscard n’est pas regardant sur ce qu’on lui commandite. Faut pas s’attendre à un happy-end quand on le connaît. Tradition de noirceur mêlée d‘humour, of course. Tiens, et si on relisait quelques bédés de Canardo ?

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