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Les chroniques polars et bédé        de Claude Le Nocher - ABC POLAR

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Malcolm Mackay : Ne reste que la violence (Éd. Liana Levi, 2014)

Malcolm Mackay : Ne reste que la violence (Éd. Liana Levi, 2014)

Shug Francis et son associé Fizzy Waters dirigent un garage auto qui leur permet depuis des années de faire du trafic de voitures volées. Gros bizness, affaire rentable, mais Shug ambitionne de s'emparer du réseau de Peter Jamieson, le caïd du trafic de drogue. En s'alliant avec le mafieux Alex MacArthur, qui a de sérieuses complicités bien placées, c'est jouable. Pour Fizzy, il y a trop de risque. Fort possible, car le tueur à gages Calum MacLean vient de supprimer le comptable de Shug, Richard Hardy. En même temps que le nommé Kelly, pas réglo avec Jamieson. C'est ainsi que Calum compte enterrer sa dernière mission. Il lui faut disparaître sans laisser de traces exploitables par son patron.

Il n'a guère pu mettre d'argent de côté, car l'organisation de Jamieson surveille sûrement ses mouvements bancaires. Depuis l'affaire Frank MacLeod, on lui fait confiance, mais jusqu'à un certain point. Calum a donc besoin de son frère William pour obtenir certains faux-papiers. Lorsqu'on remarque la disparition du comptable Hardy, ça intéresse l'inspecteur Michael Fisher. Vu qu'il était employé par Shug Francis, les dossiers de Richard Hardy pourraient parler. Deana Burke, la compagne de Kenny, contacte le policier Fisher. Elle est convaincue de la mort de son ami, indic de l'inspecteur. Jamieson et son associé Young restent informés de tout ce qui se trame, via le truand George Daly ou le flic corrompu Greig. Ils savent pour Deana et la police.

Ils envoient quelqu'un pour la calmer, celle-là. Après la visite de l'émissaire du caïd, Deana informe avec véhémence l'inspecteur Fisher qu'il y a des fuites dans son service. Greig, très certainement, se dit le policier. Ce qui conforte la piste Shug Francis. William MacLean doit inventer une histoire pour leur mère, afin qu'elle ne s'inquiète pas de ne plus voir Calum. Il se méfie aussi du faussaire, mais il obtient les papiers commandés. Tout se passe bien, en apparence, sauf qu'un fouineur a compris le lien entre le faussaire et le gang Jamieson. Shug Francis demande à Hutton, son tueur à gages, d'éliminer son associé Fizzy, malgré leur amitié de toujours. Mauvaise idée, selon Hutton. Alors, il consulte indirectement le camp Jamieson pour savoir comment agir…

 

Il existe mille manières de décrire les milieux mafieux, et d'évoquer l'un des personnages-phares de cette mythologie, le tueur-à-gages. On imagine que ces exécuteurs n'ont guère la possibilité de “sortir du dispositif”, puisqu'ils savent qui commanditent les meurtres. Le cas de Calum MacLean est un peu singulier car on le voit tel un homme encore jeune, non pas comme un baroudeur blasé. Après “Il faut tuer Lewis Winter” et “Comment tirer sa révérence”, c'est la dernière étape de la trilogie dont il est le héros. Nul besoin d'avoir lu les précédents titres pour se plonger dans ses mésaventures. Impliquant son frère, non sans égoïsme s'avouera-t-il finalement, il profite de l'imbroglio créé entre les caïds de la région. Car c'est un chassé-croisé entre eux qui est le moteur de cette intrigue. Le policier Fisher espère, de son côté, ramener dans sa nasse de gros poissons du banditisme.

Les chapitres sont courts. L'auteur ne situe pas les lieux géographiques, esquisse tout juste les décors des scènes. Une volonté qu'on peut regretter, çà et là quelques précisions n'auraient pas nui. On l'a bien compris, la tonalité se veut sèche. À l'exemple de Deana, face à Fisher qui reste distant : “Elle peut voir ses efforts. La tension que lui impose la simple conversation. Mais elle ne perçoit pas sa répugnance, ou du moins ne l'identifie pas. Elle pense seulement que c'est un con arrogant.” Qu'on ne cherche aucun humour, même allusif, dans le récit. Le crime pur et dur ne fait pas de sentiment. Une sombre froideur règne dans cette histoire, exprimant le besoin viscéral de Calum de disparaître. En semant le chaos derrière lui, si possible. Les amateurs de noirceur dans le polar ne peuvent qu'apprécier ce suspense.

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