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Les chroniques polars et bédé        de Claude Le Nocher - ABC POLAR

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Jean-François Quesnel : On a dévalisé la Queen (City Éd., 2016)

Jean-François Quesnel : On a dévalisé la Queen (City Éd., 2016)

Divorcée de son mari Gregory, la blonde Darcy McCarthy est une quadragénaire franco-écossaise. Puisque sa fille Alice et sa mère Mathilde sont de grandes voyageuses, Darcy n'a plus tellement d'attaches. Aussi va-t-elle s'installer en Écosse, dans le petit village de Minthill. Elle a obtenu un poste d'enseignante à l'université d'Aberdeen. Son aïeule Claude lui a tellement parlé de cette région, quand elle était enfant. En particulier de Merryton Manor, une demeure pleine de légendes non loin de laquelle Darcy va habiter. C'est là que vivait dans les années 1860 lady Emily Hamilton, une jeune veuve. Au décès de son vieil époux, elle admit ressentir des pulsions intimes envers les hommes. Ce qui dérangeait la gouvernante Mrs Fairfax, mais amusait sa camériste Jackie.

À cette époque-là, le jeune et désinvolte Tom Brenton a tout intérêt à quitter Londres. En trichant aux cartes, il vient de gagner quatre-cent livres, mais son puissant adversaire ne lui fera pas de cadeaux s'il le retrouve. Sir Jeremy Douglas lui ayant octroyé un certificat idoine, Tom Brenton précipite son départ vers l'Écosse. Certes, gérer le domaine de lady Emily n'entre pas spécialement dans ses compétences. Mais sa force de séduction agira sur la jeune femme. D'autant que tous deux partagent un secret d'adolescence. Merryton Manor va alors connaître divers évènements, heureux et malheureux. Tel ce passage de la reine Victoria – à qui on vole un précieux bijou, la Rose du monde – bientôt suivi d'un virulent incendie. Reconstruit ensuite, le manoir n'est désormais que ruines et friches.

Romantique, Darcy rêve parfois de Tom Brenton. Elle croise même une nuit son fantôme devant chez elle. En réalité, il s'agit du jeune et beau sergent de police Stewart Duthie, qui ressemble sans doute à ce Tom. Darcy sympathise avec sa voisine, Mrs Betty Webster. Elle rencontre Angus, neveu de celle-ci, qui tient un pub dans les environs, et vit dans un ancien presbytère impressionnant. Si le policier local Duthie est bel homme, la maturité d'Angus convient davantage à Darcy. D'ailleurs, si elle compte explorer Merryton Manor, ce serait un bon prétexte pour se rapprocher d'Angus. C'est ce que lui conseille d'ailleurs Mrs Webster, plutôt que de s'acoquiner avec le sergent Duthie qu'elle n'estime guère. Hélas, Angus part pour quelques temps en mer, faisant faux-bond à Darcy.

Ce n'est pas son chiot Churchill qui rassurera la jeune femme la nuit, quand l'ambiance se fait inquiétante : “Il y a des bruits chez moi, des coups, ça résonne presque toutes les nuits. Un véritable tintamarre ! Un policier est venu, mais il m'a dit que la maison était vieille, et reliée par des souterrains aux ruines du manoir...” Se réfugier chez Mrs Webster ou – mieux encore – sous la protection de son neveu Angus, et tenter de retrouver le bijou volé à la reine Victoria, voilà un programme pouvant lui donner du moral et de la force. Si elle n'est pas forcément seule, le danger plane quand même autour de Darcy…

 

L'Écosse, ses paysages pittoresques, ses bourgades conservant l'aspect d'autrefois, le traditionnel thé entre voisins, ses manoirs séculaires et leurs fantômes de légendes. Même si l'urbanisation gagne du terrain, ces images typiques sont certainement préservées dans des secteurs ruraux et côtiers de la région. Nous sommes ici autour de Fraserburgh, à l'Est de l'Écosse, dans des décors qui peuvent encore rappeler les romans classiques du 19e siècle, de la grande époque victorienne. Une partie des scènes nous invitent à revivre en ce temps-là, de Londres à Merryton Manor. Évocations très "visuelles" de lady Emily et de son entourage, de leurs petits ou grands secrets, de leurs aventures. Car la tonalité n'a rien de compassée, de rigide, bien au contraire.

L'essentiel de l'intrigue, qui se passe de nos jours, concerne Darcy McCarthy. La déception sentimentale qu'elle vient de vivre l'amène a chercher ici le nouvel homme de sa vie. Mais ce qui la motive tout autant, c'est ce manoir en ruine que lui décrivit naguère son aïeule, adepte de la marijuana, fin des années 1970. Darcy appartient à une "famille de femmes", toutes assez excentriques. Sa bienveillante voisine Betty, la vendeuse-policière Dorothy : quelques autres femmes l'accompagnent dans cette histoire. Jean-François Quesnel nous propose un très agréable roman d'énigme, souriant et bien construit, animé de multiples péripéties et de retours historiques. Franchement palpitant.

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