4 Septembre 2016
Florian Gerner est âgé de trente-cinq ans. Il est employé dans un dépôt-vente de Melun, en Seine-et-Marne, un job alimentaire. Avec sa compagne Marion, coiffeuse, ils habitent dans une caravane, au camping. Ils forment un couple plutôt bancal, Florian l’admet. Ce ne sont pas cet été pluvieux, ni les courriers de sa banque, qui vont lui remonter le moral. Ses retrouvailles avec Roxane Cotrel, son ancien grand amour, pourraient passer pour une éclaircie dans sa vie brumeuse. Elle est toujours en froid avec son père, Christian Cotrel, agent immobilier de Melun. Cet homme d’affaire avisé est, entre autres, le propriétaire du dépôt-vente où travaille Florian.
Ce dernier passe une excitante soirée en compagnie de la jeune femme, qui reste très libre côté sexe. Pas sûr qu’ils puissent renouer longtemps, d’autant qu’il y a Marion dans la vie de Florian. Quelques jours plus tard, Roxane – qui semble avoir des problèmes – fixe par téléphone un rendez-vous à Florian. Comme elle lui a posé un lapin, il cherche à savoir pourquoi. Il retrouve la voiture de Roxane, à l’abandon. Dans l’appartement de la jeune femme, il est bousculé par un inconnu. Florian confie ses questions à son frère Daniel, qui est dans la police. Puis il se renseigne à l’agence qui emploie Roxane. Le patron, un ancien copain d’école à lui, l’aide du mieux qu’il peut.
Florian n’hésite pas à s’adresser à Christian Cotrel, car il connaît bien le père de Roxane. Il s’efforce de rester diplomate avec le businessman qui, pour sa part, ne se montre pas trop hostile. Mais Cotrel n’a visiblement aucune envie que des enquêteurs de la police mettent le nez dans ses affaires. Florian est contacté par Nadir Korkmaz, le détective privé que son père lui a conseillé d’engager. Toutefois, c’est sur ses propres investigations que Florian compte en premier. Il a une piste, un certain Virgile Bovicop, qui fréquente assidûment un club de fitness local. L’homme a tout l’air d’un repris de justice. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas chez les policiers que Florian peut espérer de l’aide.
Il s’intéresse à un garage automobile, qui se transforme certains soirs en club échangiste. L’endroit appartient à un M.Claude, qui a un profil de magouilleur. Florian est conscient de ne pas avoir les meilleurs atouts en main face à lui et à son sbire. Qu’il organise depuis belle lurette des partouzes n’indique pas que M.Claude soit impliqué dans la disparition de Roxane. Une des habituées de la boîte échangiste, Samantha, offre à Florian une nouvelle piste. Le détective Nadir pense qu’elle ne sort que des bobards, sans doute afin de dédouaner Claude. Selon les infos de son frère flic, Claude n’est pas suspect, mais il a des amis fichés à la police. Un nom, Roland de Villeneuve, revient souvent. Un fait-divers en forêt de Fontainebleau, datant de quinze ans, pourrait expliquer une partie du mystère…
(Extrait) “J’attrape un sac de sport dans l’armoire et pose une fesse sur le bord du lit. Tentative d’approche. Le chat me regarde dans le blanc de l’œil, l’air hautain, puis recule toutes griffes dehors.
— Pas le temps pour les papouilles. Laisse-moi juste une seconde pour t’expliquer le deal. Tu veux bouffer ? T’es pas au courant, mais la cantine est fermée.
Miaou de contestation.
— À partir de maintenant, c’est moi le patron. Ta maîtresse a foutu le camp sans laisser de consignes aux voisins, alors tu sautes dans ce sac ou tu peux faire une crois sur ta prochaine gamelle de Ron Ron.
Le matou obéit, résigné et mécontent. Incroyable comme l’homme et les animaux arrivent parfois à communiquer.”
Nicolas Duplessier, dont voici le premier roman, est certainement un passionné de noirs polars. Car il en connaît les codes, et ne manque pas d’imagination pour alimenter une intrigue "qui tient la route". L’histoire s’inscrit dans notre époque, avec crise économique et précarité touchant bon nombre de personnes, pendant que d’autres jouent avec le fric. Au cœur de ce scénario, Florian symbolise le loser, sa situation n’ayant rien de stable. Vis-à-vis des femmes, il n’apparaît pas tellement équilibré, c’est sûr. Quant à s’immiscer dans un cas de disparition, il n’est absolument pas armé pour ça. Même s’il possède un pistolet d’alarme et une bonne dose d’opiniâtreté, il court droit vers les ennuis. Il ne tardera pas à être dans le collimateur de la PJ, tout en étant confronté à des adversaires dangereux.
On est là dans la meilleure tradition du roman d’action, avec sa succession de péripéties mouvementées, périlleuses. Et des ambiances nocturnes, pluvieuses, inquiétantes, sombres à souhaits. Un suspense rythmé très réussi, qui se lit avec grand plaisir.