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Les chroniques polars et bédé        de Claude Le Nocher - ABC POLAR

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Marc Villard : Hound Dog a fait un rêve (Éd.Invenit, 2016)

Marc Villard : Hound Dog a fait un rêve (Éd.Invenit, 2016)

Au 19e siècle, malgré la présence croissante des Blancs, les tribus indiennes du Far West restent des peuples nomades gardant leurs traditions. Dont celle consistant à affronter les Amérindiens ayant d’autres racines, ou à attaquer les chariots des colons venus de l’Est du pays. Le jeune Hound Dog appartient à la tribu des Ojibwa. Il ne manque pas de bravoure, il en a déjà fait la démonstration. C’est aussi un guerrier magnanime, quand il laisse la vie à une femme blanche d’une vingtaine d’années, Maggie. Cette rousse va devoir s’adapter seule au langage et aux coutumes des Ojibwa. Elle n’a que faire des ricanements des filles du camp, et accepte son nouveau nom : Red Hair Woman.

Pour passer le cap de l’âge adulte, entrer dans le camp des braves, Hound Dog doit se soumettre à certains rituels. Dominer un aigle royal, c’est de l’avis des sages de la tribu un signe de maturité. Désormais, on le nomme Eagle Man. Face aux ennemis des Ojibwa, sa parure aux plumes d’aigle indique la puissance du guerrier. Il est temps pour Eagle Man d’avoir son propre logement, et de prendre femme. Il choisit la rousse Maggie. Pour lui, Red Hair Woman va bientôt confectionner un sac de coton orné de perles. Un symbole de prestige au sein de la tribu. Mais l’Ouest américain est encore un territoire sauvage, où la place des Indiens – qui parfois s’entre-tuent – est de plus en plus restreinte…

En cette mi-août 2001, John Moon et sa sœur Abequa figurent parmi les descendants des tribus Ojibwa. Ils habitent un immeuble de Harlem, non loin de l’Apollo, au cœur de New York. John Moon est laveur de carreaux sur les gratte-ciels de la métropole. Un job comme un autre, quand on n’a pas le vertige. Ce jour-là, son collègue Danny McCoy lui propose de s’enrichir rapidement, en braquant une bijouterie. Le butin sera divisé entre trois complices. Tentant, mais même les coups qui semblent faciles ne sont pas sans risque.

Prudent, John Moon effectue d’abord un repérage dans le quartier en question. Puisque chaque membre du trio doit filer de son côté après le braquage, il place une moto non loin du lieu de l’attaque. L’affaire ne se déroule pas aussi aisément que l’avait prédit McCoy. John Moon s’est bien enfui, mais il s’est produit un impondérable. C’est ainsi que la police le soupçonne d’un meurtre qu’il n’a pas commis. Sa sœur Abequa lui trouve une avocate, acceptant de traiter le cas de John Moon en échange d’un sac ornemental ojibwa…

(Extrait) “La tribu avançait vers l’ouest du Minnesota, ayant pour but de s’installer près des lacs avant de buter sur les forêts du Dakota. Ils rencontrèrent quelques pillards, mais ceux-ci restaient à bonne distance. Ils n’avaient pas le temps d’installer des tentes à chacune de leurs haltes, aussi tous s’enroulaient au sol dans des couvertures. Le froid s’installait peu à peu et Red Hair Woman ne voyait pas le bout de cet exode. Elle était assise dans le chariot, pendant qu’à ses pieds son époux nouait des peaux de loup sur ses mocassins…”

 

La collection "Récits d'objets" des Éditions Invenit associe des textes inédits à des objets rares présentés au Musée des Confluences de Lyon. Une approche destinée à illustrer par la fiction l’univers de chaque objet. On ne sera pas surpris que Marc Villard, admirateur de la mythologie américaine, ait développé une histoire évoquant les Indiens d’autrefois. Il nous entraîne dans les paysages du Minnesota et du Dakota, la région des Grands-Lacs frontalière du Canada. Rude époque, où l’instinct de survie n’était pas un vain mot. Ce que beaucoup de films nous ont montré, soit de façon assez caricaturale, soit sous un angle plus humaniste.

Si la violence était présente en ce temps-là, a-t-on tellement évolué ? Se plaçant à New York au début du 21e siècle, la seconde partie de l’histoire montre qu’il n’en est rien. Le monde ne renoncera jamais aux actes violents, confinant quelquefois à la barbarie. Faut-il le rappeler ? Marc Villard est le plus convaincant des experts du format court, nouvelles ou textes de quelques dizaines de pages comme ici. Il n’a pas son pareil pour, en quelques lignes, décrire les personnages et les ambiances. En l’occurrence, cette lecture offre l’occasion de découvrir un objet de la tradition amérindienne.

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