Dominique Sylvain : Baka (Ed.Viviane Hamy, 2007)

Louise Morvan est détective privé à Paris. Elle a hérité de l’agence de son défunt oncle Julian, qu’elle admirait. Un évêque confie à Louise une mission au Japon. Il craint que son neveu Florent, agent immobilier à Tokyo, ait des ennuis. Car celui-ci, qui se marie bientôt à une Japonaise, lui a demandé un prêt d’argent. Il s’agit de se renseigner discrètement sur sa situation.

Louise débarque à Tokyo. Grâce à Murat, du service de sécurité du consulat, elle engage une interprète. Française, Eve Steiner est hôtesse de bar. Louise fait la connaissance de Ken Fujimori, comédien de “rakugo”, ex-amant d’Eve. Pour le neveu Florent, Eve se présente comme une exilée cherchant un appartement. Après une altercation avec des “chimpira”, yakusa à la solde de Boss Gonzo, Louise apprend que la fiancée de Florent doit payer une forte dette au caïd de la pègre. Ce qui explique que le neveu ait sollicité l’évêque. Ce dernier se dit prêt à donner la somme. Mais Florent semble avoir une autre solution pour s’en acquitter.

Yamashita est un politicien en vue. Il n’a confiance qu’en son chauffeur Nikko, métis d’une Coréenne et d’un Américain. Yamashita serait secrètement soutenu par une secte. Le grand plaisir de ce collectionneur, ce sont des livres aussi précieux que morbides. Il se les procure chez l’antiquaire boiteuse Mukoda, à des tarifs élevés. Grâce à l’aide d’Eve, Louise s’aperçoit que Florent a vendu un livre rare à Yamashita. L’objet a été volé à l’évêque. Louise est agressée, avant de découvrir le cadavre égorgé d’Eve. Elle n’alerte pas tout de suite la police. Assistée de Ken, Louise interroge ceux qui ont connu Eve. Y compris l’antiquaire, qui en profite pour la droguer. Tandis que le policier Hata enquête, Louise rencontre Boss Gonzo. Le chef yakusa affirme ne pas être concerné...

Dominique Sylvain a réécrit son premier roman, publié en 1995. Elle l’a actualisé, renforçant aussi le caractère profond des personnages. L’ambiance tokyoïte reste d’un déroutant exotisme aux yeux des “gaijins” (nous autres étrangers), pour qui le mode de vie japonais est difficile à concevoir : modernité et sérénité sont-elles conciliables ? L’intrigue débute sur un postulat improbable, une enquête incertaine dans un univers inconnu. Rebondissements et mystères, comportements inquiétants ou étonnants : au fil des (multiples) péripéties, on se laisse entraîner avec délices dans cette aventure. La surenchère est positive, excitante. C’est sans conteste un roman à (re)découvrir.