1850 chroniques - faites défiler la page - ou cliquez sur l'initale du nom de l'auteur recherché
4 Janvier 2013
Isabelle Castro, une animatrice de radio, est la nouvelle victime du tueur en série nommé Vox, qui semble obsédé par la voix des femmes dont il met en scène la
mort. En trois ans, il a assassiné onze victimes. C’est le commandant Alex Bruce, de la Criminelle, qui lui attribua son surnom. Depuis, à chaque meurtre, Vox défie le policier, qui s’interroge
sur ses motivations. Bruce n’aime pas le méprisant psy Sagnac. Ce dernier propose qu’une femme policier serve d’appât : “La voix du capitaine [Martine] Lewine a été clairement
identifiée comme susceptible de remuer notre tueur en série. Elle va donc s’exprimer à la télévision et à la radio pour devenir officiellement le porte-parole de la PJ face à une affaire qui
passionne et terrorise l’opinion. Officieusement, elle va s’adresser à Vox. Elle va lui dire que nous acceptons de jouer…”
Se joignant à l’équipe de Bruce, Martine Lewine montre un comportement tout en calme et en sobriété. Pourtant, ayant subi cinq ans plus tôt un traumatisant kidnapping, elle n’est probablement pas idéale pour le rôle qu’on attend d’elle. Sportive et tireuse d’élite, Martine réalise son rêve, car elle espérait être un jour intégrée à la Criminelle. Amant occasionnel de la défunte animatrice radio, Julien Kassidy est d’autant plus suspect qu’il est expert pour maquiller sa voix. Maïté Joigny, la productrice radio, apparaît plus névrosée que psychopathe. Quant au journaliste Fred Guedj, c’est un ami d’Alex Bruce. Ils vécurent avec la même femme, Tessa. Le policier le met sous surveillance, car les réactions de Fred s’avèrent inquiétantes lorsqu’il est en état d’ivresse.
S’informant sur la cybernétique, Bruce comprend que Vox a été en partie influencé par un roman, histoire de la création d’une femme virtuelle. Alex Bruce soupçonne aussi Bertrand Delcourt, le steward qui est l’amant masochiste de Martine Lewine. D’autant que la nouvelle victime de Vox est une hôtesse de l’air. Revenue sur le lieu de son propre kidnapping, Martine pense qu’il existe un lieu avec les crimes actuels. Quand la jeune femme disparaît, on peut craindre qu’elle ait été carbonisée avec son amant dans une voiture. Ayant appris que Vox pouvait être un ancien bègue contrôlant sa voix, Bruce tient une piste sérieuse…
Cerner correctement la psychologie d’un tueur en série, voilà ce qui rend crédible un suspense sur ce thème. Non seulement le portrait qui s’esquisse est réussi, mais Dominique Sylvain parvient à lui offrir une “présence” dans l’histoire. “Il la tua parce qu’il fallait bien en finir mais elle ne lui avait rien donné. Une dinde de bout en bout. Elle avait prononcé les paroles, mais la magie n’avait pas eu lieu. Il n’avait pas senti la membrane palpiter. L’entaille ne s’était pas ouverte sur le gouffre du temps… En serrant le cou, il avait eu le sentiment qu’il n’y arriverait pas. Que le puits était trop profond. Trop haut. Trop glissant. Sa mémoire lui avait alors rendu la voix de sa mère. Intacte pendant un bref instant. Gonflée des injures qu’elle prononçait en prenant soin d’articuler.”
Les principaux enquêteurs aux vies tourmentées, Alex Bruce et Martine Lewine, sont aussi fort convaincants. La construction du récit, qui ne manque ni d’action ni de mystère, est aussi sinueuse que maîtrisée. On ne peut qu’apprécier cette intrigue. Un roman qui fut, à juste raison, récompensé par le Prix Sang d’Encre en 2000, au Festival de Vienne (Isère).