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Les chroniques polars et bédé        de Claude Le Nocher - ABC POLAR

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Hervé Sard : Morsaline (Krakoen, 2010)

10-SARD-1Le commissaire Czerny et sa fine équipe de la police nantaise sont chargés d’un double meurtre. Surnommée “Morsaline”, la clinique La Bruyère est une maison de repos située à Kerande. Deux patients y ont été assassinés par balle. Le premier, Duclois, a été retrouvé mort sur un banc du parc. C’était le fils dévoyé d’un important homme d’affaires de la région. Arrogant et plutôt détestable, Duclois-fils allait être exclu de la clinique pour avoir eu des relations sexuelles avec une autre patiente, Évelyne Evans. Celle-ci a quitté l’établissement. L’autre victime était un type assez ordinaire. S’il avait eu des ennuis avec la justice, ce Berthomieu apparaissait surtout comme un affabulateur sympathique. Tels sont les premiers éléments recueillis par Czerny et son adjoint Mazurelli, auprès des soignants de la clinique. Faute de meilleur suspect, Chauvin, voisin de chambre de Berthomieu, est considéré comme le coupable.

Ce qui chiffonne le policier Mazurelli, c’est la différence de classes sociales entre les deux victimes. Czerny admet qu’on ne tue pas deux individus si éloignés sans qu’il existe un lien entre eux. De son côté, leur collègue Carol Joly enquête sur le meurtre d’un maître chanteur nantais, se faisant appeler de Broglie. Elle espère que la clé USB de la victime lui livrera des noms. Les fichiers sont codés, et d’autres risquent d’être effacés par une mauvaise manipulation. Carol acquiert vite la conviction que le tueur s’est servi d’une arme professionnelle. Czerny rencontre le mari et la fillette d’Évelyne Evans, qui n’est récemment passée qu’en coup de vent chez eux. Son comportement la rend fort suspecte, sauf que la jeune femme n’avait aucun motif d’abattre Berthomieu. Tandis que Czerny subit la pression de sa hiérarchie afin d’épargner le puissant Duclois-père, il charge Mazurelli de retrouver la piste d’Évelyne Evans.

Il s’avère que le maître chanteur a été tué avec la même arme que les deux victimes de la clinique. Certes, selon l’autopsie, les horaires concordent de façon très approximative. Czerny demande à Carol Joly d’infiltrer la clinique, en se faisant passer pour une patiente. Grâce à sa voisine de chambre Sévérine, Carol est bien adoptée. Elle observe et écoute, ressentant quand même le climat oppressant des lieux. Par un ex-amant d’Évelyne, le policier Mazurelli obtient une adresse, et tente de prendre la jeune femme en filature. Pas si simple, au point que Mazurelli disparaît brusquement, ce qui inquiète Czerny. Une visite à la propriété de Duclois-père n’apporte guère d’éclaircissements au commissaire. Dans l’ombre, plusieurs personnes suivent de près l’évolution des affaires en question. Même si la police croit avoir identifié le tueur, rien n’est certain…

On retrouve ici le singulier commissaire Czerny, qui enquêta dans “La mélodie des cendres” (Krakoen, 2008). Personnage décalé, raisonnant selon sa propre logique à base de cubes, vivant en couple avec un mainate alcoolique, ce drôle d’enquêteur est entouré de collaborateurs non moins originaux. Leurs méthodes sont sans doute un peu bavardes, et leurs suppositions souvent hasardeuses. Ils progressent comme dans le labyrinthe, se heurtant à plus de questions que de réponses. Néanmoins, ils finiront pas démêler l’imbroglio, quitte à ne pas trop insister sur les preuves à fournir. C’est à travers les personnages (quantité d’intervenants dans cette histoire) et l’ambiance (entre autres, le contexte de la clinique “Morsaline”) que l’auteur fait évoluer l’affaire, plutôt qu’en décrivant une enquête classique. Il suffit de se laisser entraîner pour apprécier ce foisonnant roman. La narration enjouée apporte une tonalité très agréable.

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