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15 Juin 2010
Enfants adoptifs de Luis et Billie, Janis et John ont un nouveau petit frère venue d’Asie, Yoko. Survient un accident de voiture, qui cause la mort de Billie et Janis. Tandis
que Luis sombre vite dans l’alcool, John et Yoko sont hospitalisés à Garches. Double fracture tibia et péroné, pour John. Yoko est encore plus sérieusement touché. Il leur faut bien s’adapter à
la vie de l’hôpital Raymond Poincaré. Toujours muni de son sac-panda, Yoko apprend peu à peu le français. Sur son fauteuil roulant, John fréquente un peu les ados de son âge. Chez les filles,
Sylvie et Françoise l’attirent beaucoup. Chez les garçons, il se méfie de Jim, qui le menace sans raison dans les couloirs souterrains.
Dans le service du Professeur Léo Ferré, les patients et le personnel portent tous des noms d’artistes célèbres. John s’aperçoit qu’il est très doué pour les jeux de cartes, qu’il possède un don de double-vue, qu’il est capable de chanter à la perfection. Même bloqué sur son fauteuil, les amourettes ne lui sont pas interdites. La nuit, sa défunte sœur Janis s’invite dans ses cauchemars, récitant avec lui la liste des groupes musicaux les plus connus. Au sein de l’hôpital, de jeunes musiciens s’essaient à des spectacles. Moins barbant que ce club de philatélie où l’entraîne Franck, pour d’obscures raisons. Quand Maurice y est électrocuté sur sa chaise, John est indemne. Mais il s’interroge sur quelques décès suspects dans l’établissement.
Ce chariot Fenwick qui trimballe des morts dans le souterrain; ce chien roux qui a attaqué Jim, puis perturbe un Tour de France en salle; ce rat qui hante les rêves paranoïaques de Sylvie; Janis et Billie enterrées sans logique dans le cimetière de l’hôpital; Brian qui s’est défenestré, après que Jim se soit suicidé; la pendaison de Mike, le garçon de cuisine… Vraiment, il se passe des choses étranges ici. Yoko lui-même semble disposer de curieuses facultés. Le danger se précise quand on dirige John vers la salle d’op. Pendant ce temps, un flot continu et agaçant de chansons d’époque s’enchaîne dans une tête pleine de souvenirs, minée par cette succession de refrains…
Avec ce roman, Jan Thirion prend le risque de rejoindre la catégorie des inclassables. Échapper à l’étiquetage règlementaire doit le réjouir. John et Yoko, dans les biographies de célébrités ? Évidemment pas. Parmi l’avalanche de polars ? Non plus. Suspenses médicaux ? Pas vraiment ça. Documents et témoignages ? Beaucoup de vécu, mais trop de fantaisie. Peut-être un jour imaginera-t-on un genre création littéraire, qui conviendrait à cet auteur et aux autres hurluberlus de son espèce. Admettre que l’inventivité est une richesse ? Rêvons ! Thirion mêle archives chansons-photo-télé-cinéma-scopitones, pour décrire un hôpital en folie, ni absolument comique, ni réellement inquiétant. Un endroit bizarre, curieux, absurde, hors de la vie, proche de la mort. Rangeons-le dans la rubrique Divers, ça ira ! On l’y retrouvera plus facilement quand, dans peu de temps, on voudra le lire une nouvelle fois. Un roman d’écrivain mérite d’être gardé à portée de main.