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28 Décembre 2011
De passage dans une petite ville bretonne, Gabriel s’installe dans le premier hôtel venu. Il remarque la brune réceptionniste Madeleine, ni belle, ni laide. Il ne
tarde pas à sympathiser avec José, patron du bar-restaurant Le Faro. Portugais d’origine, il a épousé Marie, actuellement hospitalisée pour un kyste. Gabriel aime cuisiner des mets fins, pour le
plaisir. L’occasion pour José et lui d’éviter des soirées en solitaires. Quand Gabriel gagne un gros panda à la fête foraine, le jouet finit sur le comptoir chez José. Il fait la connaissance de
Françoise, la belle-mère de son ami, et des deux enfants du couple. Le cas de Marie apparaît plus grave qu’annoncé, au grand désespoir de José.
Madeleine est attirée par ce voyageur hors norme. Acceptant de sortir avec elle, Gabriel en est conscient, mais n’est pas prêt pour une relation sexuelle. C’est un saxophone qui met en contact Gabriel avec ses voisins à l’hôtel. Drôle de couple, visiblement paumé, surtout la maladive Rita. Marco, lui, enrage contre son vieux père qui ne veut pas l’aider financièrement. En ville, Gabriel croise des gens qui ont tous leur vécu : une veuve de corniaud à l’église, un monsieur sur un banc détestant les oiseaux, un cordonnier vendant le meilleurs lacets du monde. Au décès soudain de son père, Marco doit hériter. Aussi laisse-t-il en plan Rita dans leur chambre d’hôtel. Madeleine va accueillir la jeune femme chez elle.
Formée par le hasard, une improbable famille regroupe Gabriel, Madeleine, Rita et José. Ils passent de bons moments ensemble, de plus pénibles aussi. Car le cas de Marie ne s’améliore pas. À la fois chaleureux et distant, Gabriel masque ses propres souvenirs, ses malheurs passés. Sa compagne Blandine, leur fille Juliette, des amis tels son copain Roland ou le SDF Simon. Si, comme le pense Rita, Gabriel est un ange, il n’a jamais fait de miracles. Pour Marco, les choses ne se passent pas si bien, non plus. Il est prêt à renouer avec Rita. Ces quelques moments de bonheur pour les amis de Gabriel n’ont rien de définitif…
Certes, nous sommes peut-être en Bretagne. Une scène se passe à l’Île de Batz, d’ailleurs. Mais c’est dans un décor incertain qu’évolue cet errant qu’est Gabriel. Toutefois, il ne sort pas exactement du néant. Comme ces anonymes qu’il croise, il a ses secrets, porte une lourde douleur. Si l’ambiance est fantomatique, les personnages sont clairement dessinés. Ce n’est pas l’amitié qui réunit ici ces protagonistes, c’est leur sombre destin. Car il existe des aspects criminels dans cette histoire. Des allusions amusées aussi, tel le cordonnier Cachoudas issu de “Les fantômes du chapelier”, de Simenon. Sourire encore, avec une marchande de produits italiens à l’accent germanique. Ce qui offre un semblant de légèreté à ce noir suspense d’une belle fluidité narrative. Il est temps de redécouvrir l’œuvre du regretté Pascal Garnier.