Serge Scotto : Nous serons les rois de Marseille (L'Ecailler du Sud, 2004)

Marseille, vers 1990. Tino est le fils d’une famille de parvenus, riches mais sans classe. Nikita, artiste peintre méconnu, est issu d’une lignée de Russkoffs. Ils sont amis. Suite à sa rupture avec la perverse Stradi, Tino a tenté de se suicider. Pendant sa rééducation, pour lui faire oublier Stradi, Nikita propose un projet à Tino. Les caves de l’Arsenal sont vacantes. Ils vont y créer le plus branché des clubs discothèques de la ville. Ils deviendront les rois de Marseille. Pour l’investissement, Nikita s’adresse à sa protectrice habituelle, la vicomtesse Aglaé.

Il n’est pas bien difficile d’attirer au « New Arsenal » les càcous et les cagoles. Chacun trouve son bonheur dans les salles aux ambiances ciblées : c’est un succès. Quand Tino lui pique la belle Mélanie, Nikita s’en moque. Il ne tarde pas à séduire la rousse Elsa. Le prestige de patron facilite les choses. Mais l’égoïste Stradi rôde toujours, en cliente. Nikita se laisse charmer. Pendant plusieurs mois, le voilà polygame, entre Elsa et Stradi. Bientôt, il soupçonne Stradi d’infidélité, et la quitte sèchement. La reine des garces n’a pas dit son dernier mot.

Au « New Arsenal », tout va pour le mieux. Mais Nikita découvre que le préposé aux toilettes fait du trafic de drogue, couvert par Tino. Et c’est Nikita qui est éjecté vite fait du club… et du lit d’Elsa. Revoilà Stradi : elle le relance, insiste, lui offre sa petite culotte. Nikita lui donne rendez-vous aux Jardins du Pharo. Stradi se prétend enceinte de lui. Il n’est plus dupe. L’altercation tourne mal...

Cette tranche de vie de deux marseillais authentiques, éphémères rois du Marseille-by-night, est savoureuse. Bien sûr, le décor phocéen s’y prête. Oui, l’auteur caricature avec talent pour nous faire sourire. Sans doute peut-on penser qu’il s’agit d’une bonne comédie policière. Pourtant cette histoire ensoleillée par les sunlights est plus nuancée. Principal héros, Nikita est un chic type, sincère et souvent touchant. La garce Stradi et le frimeur Tino sont des personnages aussi crédibles que médiocres. On ne peut qu’aimer ce roman très réussi.