5 Octobre 2013
Aujourd'hui âgé de soixante ans, Jacques Dauteuil est un écrivain reconnu, un auteur de polars respecté. Un épisode de son passé ressurgit brusquement, en la personne de Julie. Dauteuil s'est toujours montré un mari exemplaire. Mais il eût une petite aventure avec cette Julie, alors jeune fille. Un amour-passion, qu'il n'a jamais vraiment mis de côté, qui le hante encore. Julie lui a écrit qu'elle souhaitait le revoir. Elle habite à Nice. A-t-elle divorcé d’Édouard Becket, ou est-elle veuve ? Elle ne le précise pas. Dauteuil a une grande envie de la revoir mais, par égard pour son épouse, il hésite. Il y va quand même.
La villa Mykonos où vit Julie baigne dans une ambiance assez étrange. Kevin, le maître d'hôtel, n'inspire guère confiance à Dauteuil. Édouard Becket est devenu un adepte fervent de la religion. Plane l'ombre de Charles, le frère d’Édouard, qui a disparu depuis quelques mois lors d'un voyage aventureux. Julie est visiblement heureuse que l'écrivain soit venu. Il est possible qu'elle se sente menacée. Elle reste extrêmement prudente vis-à-vis de son mari ou de Kevin. Dauteuil ne peut espérer d'intimité avec son ex-amante.
Le romancier ne se sent vraiment pas à l'aise dans cette propriété. Il réalise que la seule manière de reconquérir Julie serait de supprimer son mari. Ce serait une folie, même pour un auteur de fictions polar. Avant tout, il observe ce curieux petit monde, cherchant à discerner la personnalité de chacun...
Pour savourer cette excellente et énigmatique intrigue, il faut savoir que c'est Léo Malet (à qui est dédicacé le roman) qui raconta à Brice Pelman un souvenir insolite personnel. Puis il lui dit “Cette histoire, il n'y a que toi qui puisse l'écrire.” Le créateur de Nestor Burma ne se trompait pas, connaissant le goût de son ami pour l'étrangeté des ambiances. Résultat parfait, et clins d'œil nombreux. La vie du héros s'inspire à la fois de celle de Léo Malet et de Brice Pelman. Le nom de la villa rappelle nom de celle de Pelman. Fidèle à son style personnel et captivant, l'auteur termine par un dénouement plutôt astucieux.