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Les chroniques polars et bédé        de Claude Le Nocher - ABC POLAR

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Hervé Sard : Ainsi fut-il (l'Atelier Mosésu, 2013)

Hervé Sard : Ainsi fut-il (l'Atelier Mosésu, 2013)

À défaut d'être devenu médecin légiste comme il l'eût souhaité, Luc Mandoline est thanatopracteur, métier consistant à préparer les défunts. Les aléas de sa vie firent qu'il s’engagea dans la Légion étrangère pendant huit ans. Se liant d’amitié avec le légionnaire Sullivan, Luc a découvert la thanatopraxie. Ensuite, il se lance dans cette profession d'embaumeur. Le besoin de remplaçants se faisant sentir partout en France, il exerce son métier de façon itinérante. Un décès peut être entouré de certaines étrangetés. Bien qu'il ne soit pas enquêteur, Luc Mandoline est impliqué souvent dans des affaires énigmatiques. Cette fois, l'Embaumeur prend la direction de la région nantaise.

C'est dans un château des rives de l'Erdre qu'on a besoin de ses services. Jean-Baptiste de Six-Fours, petit-fils du châtelain, a été retrouvé démembré, écartelé par quatre chevaux. On n'a pas averti la maréchaussée pour si peu. Le docteur Malo, médecin de famille, a considéré que c'était une mort naturelle. François-Ferdinand, le père de la victime, un homme intelligent autant qu'insignifiant, n'est pas de ceux qui contesteraient cette conclusion. Le seul véritable maître des lieux, c'est Hubert-Louis de Six-Fours. Une force de la nature, bien qu'il soit âgé de quatre-vingt-dix-huit ans.

Physiquement et mentalement, le patriarche reste en pleine forme. Il continue à gérer ses multiples affaires, tous les projets qu'il a initiés à travers le monde entier. Très riche, il l'est devenu grâce à ses seuls mérites, car il naquit dans la pauvreté et sans particule accolé à son patronyme. Quand un homme tel que lui se construit ainsi, ça ne va pas sans contradictions. C'est ainsi qu'il est royaliste, tendance écologiste et communiste, anti-clérical, mais bienveillant envers la plupart des gens, sauf les crétins. Justement, son petit-fils Jean-Baptiste était un de ces nuls qu'il ne respecte pas. Claquer du fric et accumuler les conneries, voilà tout ce qu'il savait faire. Néanmoins, ce n'était pas une raison pour l'exécuter ainsi, en laissant pour signature “Ravaillac”. Donc, l'aïeul si véloce charge Luc Mandoline de faire la vérité sur le décès de son imbécile de petit-fils.

Des suspects, l'Embaumeur pourrait en dresser une sacrée liste. Sans doute pas le grand-père, ni le médecin, encore que sait-on jamais. Pas non plus le jardinier Bernardo (comme le valet de Zorro), puisqu'il était absent à ce moment-là, mais c'est quand même lui qui a trouvé le cadavre. Que penser des catcheuses homosexuelles Clara et Vali, du Royal Pajot Circus ? La force physique de tuer un homme ne manquerait pas à ces deux-là. Pourtant Luc Mandoline aurait tendance à leur faire confiance. Quoique, un anagramme peut les désigner. C'est avec plaisir que l'Embaumeur et son acolyte Sauvage bousculent les Chevaliers du Renouveau, cercle de détestables royalistes friqués. Et puis, il y a aussi un môme qui a été conçu sur un malentendu, dans ces parages. Il ne reste plus à Luc qu'à faire le tri dans tout ce beau monde...

 

Luc Mandoline est le héros d'une série façon Le Poulpe, où chaque roman est dû à un auteur différent. Les éléments biographiques (la “bible”) du héros sont identiques, quant au contexte général. Par contre, chacun de ceux qui racontent ses aventures se doit d'y apporter sa manière personnelle. On a pu vérifier que c'était bien le cas avec l'épisode signé Stéphane Pajot. Pour sa part, Hervé Sard nous présente une comédie policière de bon aloi. Roman d'enquête, oui bien sûr, y a de ça. Mais l'Embaumeur n'est pas le cousin de Sherlock Holmes, d'Hercule Poirot, ni même de Jules Maigret.

C'est une très belle galerie de singuliers personnages qui sont dessinés. Improbables ou excentriques, en effet. Pourquoi rester dans le pur réalisme alors qu'on peut s'amuser en caricaturant ? “Je sais, ça faisait un peu Belmondo comme entrée en scène, mais je suis fan. Les obsédés de la couronne me regardèrent d'un air qui gêné, qui apeuré, qui interloqué ou qui outré. J'ai pensé qu'ils devraient faire du théâtre. J'ai surtout pensé qu'ils avaient dû recevoir la visite des catcheuses. La pièce était sens dessus dessous. Et davantage dessous que dessus. Elles avaient tout démoli.” On l'aura compris, il s'agit autant d'un souriant roman d'action, d'un délicieux divertissement. Qui, outre quelques digressions, ne néglige pas le suspense. Une excellente “lecture détente”.

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