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23 Août 2013
Le commissaire Friedman est un pur Alsacien de Strasbourg, avec l’accent germanique de rigueur. Il s’est “égaré sous des latitudes parpaillotes”, à Montpellier. Il y teste une gastronomie pas moins riche que dans sa région d’origine. Jusqu’à ce qu’on découvre sur la plage de Maguelone le cadavre nu d’un notaire. L’avant-bras de la victime, qui ne porte qu’une cravate, a disparu : deux faibles indices, pour un crime que la police suppose sexuel. Son tatouage sur le bras est sans importance. Les trois CD du groupe “Ten Years After”, récemment adressés au notaire, peuvent avoir une signification.
Un reporter et son ami gendarme, tous deux exilés chez les pétulants “Toulousaings”, envisagent une piste sérieuse. Le notaire était un ancien joueur de rugby à XV, toujours impliqué dans ce sport. Quelques jours avant sa mort, on l’a vu en compagnie d’officiels du rugby à XIII. Depuis le schisme opposant les deux disciplines, les rivalités sont fortes. Entre l’ombre de clans maçonniques et les intérêts politico-économiques liés aux milieux sportifs, il serait bon d’enquêter dans cette direction. Les molles investigations des policiers piétinent. Friedman risque de se voir retirer l’affaire par le juge d’instruction, un dandy à particule. Il est temps de s’activer. Après un coup de gueule contre une profileuse aussi fiable qu’une astrologue, Friedman explore les arcanes de l’Ovalie. Il y a aussi cet agent immobilier véreux, qu’on suspecte et qui a des révélations à faire...
On est subjugué par l’humour subtil ou mordant de l'auteur. On aime ses heureuses caricatures, comme celle du Toulousaing au leitmotiv “T’sé, inc’ulé”. On adore ses savoureuses formules : le tueur s’est servi d’un outil de maçon “… ou de n’importe quelle Simone Weber sortant de chez Casto”. On apprécie les ironiques expressions du commissaire, en langage alsacien ; et tout autant quand l’auteur raille les scénarios-télé, basés sur l’ADN et le douteux profilage. Il nous rappelle que l’impact du sport intéresse surtout les financiers. D’une tonalité réellement enjouée, cette histoire est un pur bonheur de lecture.
Journaliste et écrivain, Michel Embareck est né en 1952. Il s'est fait connaître des lecteurs de polars grâce à quelques romans publiés chez L'Archipel (“Cloaca maxima”, réédité chez Folio sous le titre “Dans la seringue”) et dans la Série Noire (“La mort fait mal” ou “Le rosaire de la douleur”). À noter aussi deux ouvrages documentaires parus chez L’Écailler du Sud, “Rock en vrac” (2011) et “Très chers escrocs” (2013).