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Les chroniques polars et bédé        de Claude Le Nocher - ABC POLAR

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André Caroff : Le battant (Fleuve Noir, 1973)

André Caroff : Le battant (Fleuve Noir, 1973)

Dix ans plus tôt, Jacques Darnay a braqué un diamantaire, avec l’aide de son ami Pierre Mignot. La victime du vol a été abattue. Le butin s’élevait à huit millions de Francs en diamants, qui n’ont jamais été retrouvés. Arrêté et jugé, Darnay fut condamné à quinze ans de prison. Il n’avoua ni le meurtre, qu’il n’avait pas commis, ni l’endroit où il avait caché les pierres précieuses. Depuis l’affaire, Pierre Mignot est le patron d’une brasserie à Montparnasse. Dès que son complice sortira, il peut compter sur Mignot pour récupérer les diamants et partager. Ensuite, Darnay a prévu de s’expatrier en Amérique Latine. Mais une poignée de truands de la jeune génération met la pression sur Mignot, tandis que Darnay va être libéré sous peu. Ils semblent parfaitement renseignés. Réussissant à leur échapper, Mignot se met à l’abri chez son amie Suzanne.

Sorti de prison, le quadragénaire Jacques Darnay n’ignore pas qu’il sera pisté par les flics, autant que par le monde du banditisme. Si on le surnomma naguère "le Battant", il craint d’être moins percutant qu’avant son incarcération. De retour à Paris, il se réfugie chez son ex-amante Clarisse, barmaid de trente-trois ans. Mignot finit par le recontacter. Il avoue avoir peur des jeunes truands. D’ailleurs, il est bientôt éliminé par ceux-ci. Mesurant le danger, Darnay entraîne Clarisse dans sa cavale. Le plus urgent est de récupérer le butin, planqué dans un caveau du cimetière de Garches. C’est trop tôt, car il a compris qu’il est pris en filature. Et pas seulement par les hommes du policier Rouxel, qui fera le maximum pour l’alpaguer et pour dénicher les pierres précieuses volées.

Darnay renoue avec son vieil ami Ruggeri, ancien malfrat reconverti dans la restauration. Mais lui et les anciennes relations de Darnay sont hors-circuit, dix ans plus tard. Darnay parvient à choper Samatan, un des jeunes truands appartenant à la bande d’un nommé Sauvat. Il se confirme que ces types en savent beaucoup trop sur Darnay et ses proches. Ils savent même où se trouve Clarisse. Même s’il intervient sans tarder, Darnay ne peut empêcher l’élimination de la jeune femme. Le policier Rouxel est associé à l’enquête. Deux amis de Darnay ayant été exécutés en peu de temps, il l’invite à rendre le butin afin de classer le dossier. C’est à Soissons que Darnay espère retrouver le neveu du diamantaire, qui fut son autre complice. Il fait ainsi la connaissance de son ex-épouse, Sylviane Chabry, avec laquelle il devient rapidement très intime. Le couple revient à Paris, où vit le neveu.

Plus exactement, le mari alcoolique de Sylviane végétait dans un meublé. Quand Darnay trouve son adresse, il a été supprimé à son tour. Décidément, la bande de Sauvat fait le ménage autour de Darnay ! Celui-ci retourne chez Gino Ruggeri, seul capable de lui fournir du fric en quantité, une arme anonyme, des faux-papiers, ainsi qu’une charmante jeune femme pour meubler sa solitude. Darnay va très bien s’entendre avec cette Nathalie. Mais il n’oublie pas que les jeunes truands et le policier Rouxel sont encore des menaces…

(Extrait) “Il en avait ras le bol. Flic ou pas, il allait cravater son homme. Cette fois, il n’attendit pas. Il déclencha l’ouverture de la première porte qui se présenta, presque à l’angle de la rue, et se prépara à intervenir. L’autre plongea carrément dans le piège. Venant de prendre la suite de l’imperméable mastic, il s’imaginait blanc comme neige. Darnay le sonna d’un coup de crosse derrière la tête, l’attrapa sous les bras, le traîna rapidement sous le porche. Là, il referma la porte d’un coup de pied et respira un peu en écoutant les bruits ambiants. Ils étaient nuls.

Darnay gratta une allumette, fit les poches du type. Il était jeune, très brun. Il fallut cinq allumettes à Darnay pour acquérir la certitude que sa victime n’était pas de la police. À partir de cet instant, il n’hésita plus. Il chercha la porte de la cave, la trouva sous l’escalier, descendit le type au sous-sol après avoir manœuvré l’interrupteur. Là, ce n’était que béton et portes cadenassées…”

 

Adapté par le scénariste Christopher Frank, produit et réalisé par Alain Delon, “Le battant” est un film qui connut un beau succès en 1983. Outre Alain Delon, les rôles principaux étaient tenus par François Périer, Pierre Mondy, Michel Beaune, Anne Parillaud, Andréa Ferréol, Marie-Christine Descouard, Gérard Hérold et Richard Anconina. Des comédiens pour la plupart chevronnés, un sujet solide, un héros intrépide entre froideur et cynisme, voilà un film destiné à conforter l’image d’Alain Delon. Il est certain que sans cette version cinéma, le roman d’André Caroff serait tombé dans les oubliettes du polar. Publié en 1973, il fut réédité en 1983, à l’occasion de la sortie du film. Dans cette nouvelle édition, les dates furent actualisées – aisément, puisque dix ans séparaient les deux parutions.

Une histoire d’homme pourchassé de tous bords tandis qu’il doit récupérer son butin, avec une poignée de belles jeunes femmes et un flic tenace, le sujet est assez classique. Mais on aurait tort de n’y voir qu’un petit polar. Car la tonalité est plus proche des romans de la Série Noire que des intrigues ordinaires, à énigmes. Ça canarde à tout-va, les cadavres tombent comme des mouches. Si Darnay n’est pas un tueur, il est bien obligé de répliquer. Comme nous l’indique l’auteur, le banditisme est en pleine mutation dans cette décennie 1970. Les structures codifiées du Milieu cèdent la place à une nouvelle génération de truands, plus violents, sans états d’âme. Le héros ne peut avoir confiance en personne, tous visant les fameux diamants. Reste à savoir s’il est capable de s’en sortir… Ambiance dure et sombre garantie !

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