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Les chroniques polars et bédé        de Claude Le Nocher - ABC POLAR

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Joseph Bialot : Le salon du prêt-à-saigner (1979)

 

12-BIALOTIl y a d’abord cette jeune femme qu’on découvre égorgée sur une petite place, dans le Sentier. Peu après, c’est le cadavre d’un homme qui est retrouvé non loin de là, rue du Caire. Puis, lorsqu’un camionneur s’apprête à livrer sa marchandise, un troisième corps poignardé a été placé dans son véhicule. Chargés d’enquêter, le commissaire Faidherbe, son adjoint Chaligny, et le policier Brancion n’ont guère de pistes, car les trois victimes sont inconnues dans le quartier. Grâce au hasard, et à un duo de stylistes, on parvient quand même à identifier la jeune femme. Michèle Boulat fabriquait dans son petit atelier des modèles commandés par des créateurs du Sentier. Toutefois, un problème se pose, puisqu’il n’y avait aucune machine chez elle. Il faut donc supposer qu’elle sous-traitait ces travaux.

La police va procéder à une interpellation agitée et inutile dans l’immeuble de Michèle Boulat. Et l’inspecteur Brancion va se lancer dans la poursuite de l’Alfa Romeo rouge d’un suspect qui l‘a menacé. Ce qui n’empêchera pas cet homme de continuer à narguer les flics, pour récupérer des photos érotiques chez la victime. À Maisons-Alfort, où le troisième cadavre a été mis dans le camion, Robert Biotto est un témoin gênant. Bien qu’il soit hospitalisé, le tueur parvient à l’éliminer. Cet assassin se nomme Josip Vissarianovitch, un Yougoslave exilé âgé de trente ans. Plutôt séduisant et cultivé, il s’adonne depuis quelques temps au racket, visant des gens en rapport avec le Sentier. Une de ses cibles est Mustafa Demirel et sa famille, des Turcs habitant dans un bidonville de proche banlieue.

Sans doute Josip a-t-il eu tort d’affronter ce clan, car Mustafa et les siens sont sans pitié. C’est avec le secours de la petite Yamina, que Josip réussit à se tirer de ce mauvais pas. Entre-temps, un fils de Mustafa a saccagé l’appartement de Josip. Requinqué, le Yougoslave s’attaque de nouveau à la famille turque, mettant le feu à leur bidonville. Pour Josip, il serait prudent de s’éloigner, mais un policier de l’aéroport d’Orly le repère avant l’embarquement. De son côté, la jeune Vania est de retour à Paris après un voyage dans son pays natal. Elle recherche son compagnon Kosta. Sa disparition est inquiétante, mais elle préfère ne pas mêler la police à tout ça. Vania n’a pas de papiers en règle, ce qui ne l’empêchait pas d’effectuer les travaux de confection commandés à Michèle Boulat.

Depuis l’épisode d’Orly, le commissaire Faidherbe et ses hommes possèdent enfin une piste, ayant identifié Josip. Mustafa Demirel et ses fils sont, quant à eux, prêts à se venger du Yougoslave par tous les moyens. Se sentant trahie par Josip, la petite Yamina et sa bande de gamins le recherchent également. Quant à Vania, elle comprend rapidement le sale rôle qu’a joué Josip dans ces meurtres. Traqué, le Yougoslave résistera autant qu’il le pourra…

C’est dans un magistral chassé-croisé entre les personnages que Joseph Bialot entraîne ses lecteurs. Bien que les protagonistes soient nombreux, on ne s’y perd jamais. Spectaculaires, sombres, ou plus dures, les scènes se succèdent à bon rythme grâce à des chapitres courts. La tonalité du récit ne manque pas d’humour (Les badauds s’apitoyèrent sur le triste sort des meurtriers qui finissent tous dans la misère puisque, comme chacun sait, le crime ne paie pas). Une ironie qui atténue volontairement la noirceur de l’affaire, mouvementée à souhaits. L’auteur décrit çà et là quelques réalités de ce quartier du Sentier, et de l’industrie qu’il génère. Récompense effectivement méritée, que ce Grand prix de Littérature policière qui lui fut attribué en 1979.

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