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Les chroniques polars et bédé        de Claude Le Nocher - ABC POLAR

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Alain Emery : Divines antilopes (La tour d’Oysel, 2009)

09-EMERY-ACes vingt textes ne revendiquent pas une étiquette “polar”. Néanmoins, il y est souvent question de secrets et de mort, de déchéance et de culpabilité. À travers ces portraits, on imagine bien ces personnages figurant dans quelques romans noirs, ou au cœur d’intrigues criminelles à suspense.

Dans “Barnum”, un impressionnant garde du corps est au service de deux experts en licenciements, cyniques et sans scrupules. Face à la réalité des victimes de leurs décisions, il finit par réagir. Dans “La cuisine des anges”, un jeune professeur de piano visé par une rumeur est agressé par des excités. Seul témoin, son logeur préfère le silence. Dans “Divines antilopes”, un reporter photographe suit la chaotique carrière de l’artiste Lou. Le chasseur de scoop est encore sur sa piste, alors qu’elle est quasiment oubliée. “Chinook” met en scène un littérateur misogyne imbu de lui-même. Au contact de la jeune Clarisse, il déchante quant à sa séduction et son talent. Il se retrouve sous l’emprise fatale de la jeune femme. Dans “Les illusions en moins”, le trésor supposé du défunt Bourne attire bien des convoitises, sous l’œil amusé de son ami pêcheur. “Le messager de l’orage” est le portait, par son ordonnance majordome, d’un vieux général au caractère d’acier. Le héros de “Sortir du silence”, dont la mère agonise, se souvient de son père, violent alcoolique. “La maison du Français” se passe au Paraguay, où le vieux Costes s’est retiré avec ses secrets, avant de mourir assassiné. Dans “Chants de ruines”, un pauvre habitant du désert est devenu par chance gardien armé de cette frontière que d’autres tentent toujours de franchir. Situé au Brésil, “Vers le sud” évoque une ancienne danseuse, ruinée et alcoolique.

Dans “Tout l’or du monde”, un homme est hanté par ses fantômes, souvenirs d’un épisode dramatique à la fin de la dernière guerre. “Caboche” est le surnom d’un boxeur, qui a dû fuir sa région d’origine après avoir cogné à mort un pur salaud. “La procédure” est celle que suit à la lettre un huissier, plus préoccupé par ses projets que par le sort d’une femme endettée. Dans “Un reflet sur les eaux”, un vagabond est accusé du meurtre d’une dame âgée. Il possède un alibi, mais n’est-il pas condamné d’avance ? Dans “Lettres mortes”, un ancien garde-chasse disculpe par courrier un braconnier condamné pour meurtre. Initiative inutile, peut-être. “Un voile de cendres” évoque les suites fatales d’une violente altercations entre deux hommes, dont les rescapés n’ont plus jamais reparlé. Dans “De l’ombre à Dieu”, la veuve d’un écrivain rétablit la vérité sur la rivalité qui opposait son mari à un auteur de talent, causant la mort de ce dernier. “Les chiens entre eux” a pour décor un hameau pouilleux où un couple fut soupçonné d’avoir empoisonné des chiens. Le maître des lieux a laissé la situation s’envenimer. Dans “Un roi nu”, il assiste au procès de son grand-père. Doit-il lui aussi le condamner ? “Amigos” se passe dans les montagnes franco-espagnoles. Un vagabond et un vieil homme sympathisent. Le premier confie au second sa dérive et son crime…

Quelques pages pour décrire un destin perturbé, un secret qui ne s’efface pas si aisément, les dérapages d’une situation, ou les causes d’un comportement particulier. Faire passer l’émotion, la compréhension, la réflexion. Tel est l’enjeu, à la fois simple et ambitieux, des nouvelles d’Alain Emery. Dans ses courts textes, il réussit à transmettre cette empathie. Il nous rappelle que chacun vit avec sa propre expérience, parfois douloureuse. Un recueil de nouvelles très convaincant.

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