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Les chroniques polars et bédé        de Claude Le Nocher - ABC POLAR

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Emmanuel Pons : Je viens de tuer ma femme (Arléa, 2009)

09-PONSEmmanuel, 38 ans, est un artiste peinte qui vend très bien ses œuvres. Il habite en Normandie à Oherville, du côté d’Yvetot, avec son épouse Sylvie. Ils sont mariés depuis onze ans, record enviable. Mais, ce jour-là, Emmanuel vient d’assassiner Sylvie. “Ça me fait tout drôle de dire J’ai tué ma femme. Ça sonne tellement roman noir ou mauvais film. Alors qu’en vrai, c’est fort, c’est puissant.” Avant d’aller à la gendarmerie, il veut partager ce moment avec des villageois amis, les Derangon. Mais ceux-ci ne sont vraiment pas assez attentifs. Alors, Emmanuel tue le vieux couple. À qui d’autre en parler ? Fred et Cathy symbolisent la générosité, la disponibilité. Sylvie les admirait. Ils accueillent Emmanuel avec leur habituelle gentillesse. Impossible de leur avouer le crime, ni de les supprimer.

Au deuxième jour de liberté, Emmanuel va converser un peu avec Sylvie, bien au frais dans le congélateur de la cave. Puis il va avouer son acte à l’aimable Raymond Langlois. Ce dernier lui confie qu’il a jadis lui-même éliminé son épouse. Pour lui rendre service, Raymond lui offre de découper Sylvie comme il le fit avec sa propre femme. Le troisième jour, Emmanuel contacte son ami Laurent, sorte de conseiller spirituel aux propos sibyllins. Les gendarmes enquêtent sur la mort des Derangon, sans s’intéresser à Emmanuel. Ce dernier achète le matériel indispensable au découpage, pour Raymond. Quand le retraité arrive, le quatrième jour, Emmanuel a des remords. À la fois, il ne veut plus que Sylvie soit mutilée, et puis Raymond en sait trop. Huit parties du corps dans huit sacs sont enterrés à la fin de cette rude journée. Sylvie est au centre des séquences qui, en rêve, la font revivre.

Dans les jours qui suivent, le charabia positiviste de Laurent n’aide guère Emmanuel. Par contre, ses conversations avec Sylvie lui font du bien : “Et les Eagles, Hotel California… Six minutes trente de sexe sur la table de la salle à manger. T’as pas pu oublier ! Essaie de faire ça sur Obispo, tiens !” Lors d’une sortie en boite de nuit, il séduit sans suite l’étudiante Sandrine, manière de rendre jalouse Sylvie. Il prépare avec soin sa déposition, avant d’aller à la gendarmerie signaler la disparition de son épouse. En cas de panne, il achète un groupe électrogène, sait-on jamais. Mais le septième jour, Emmanuel est plutôt contrarié dès son réveil, angoissé à l’idée de la prison, d’autant que la presse locale s’étend sur l’affaire Derangon. La réunion publique organisée par le maire, l’attitude de Laurent, le danger qu’il ressent, tout lui indique qu’il est temps de prendre la fuite…

Voilà qui résume le scénario de ce roman. Quant à son état d’esprit, on ne peut que l’esquisser. Car, si notre héros-narrateur vit une dramatique situation criminelle, il nous la raconte avec beaucoup d’humour. “Tu vois comme nous aurions pu être bien ensemble, si tu t’étais montrée moins envahissante. On ne va pas refaire le passé. Ce n’est pas maintenant que tu vas changer.” dit-il à sa défunte épouse. Les portraits sont caustiques, les réflexions sur le couple et le monde s’avèrent peu conformistes, les scènes sont souvent grinçantes (telle celle chez le marchand de journaux). Avec une ironie mordante, l’auteur nous entraîne dans une savoureuse suite de péripéties fort drôles. S’il n’entre pas dans la pure Littérature Policière, bien sûr, qualifions ce livre de “polar littéraire” (pour ceux qui aiment les étiquettes). Quoi qu’il en soit, ce roman est un régal.

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