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Les chroniques polars et bédé        de Claude Le Nocher - ABC POLAR

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Hugo Buan : L’Œil du singe (Pascal Galodé Éd., 2011)

11-BUANMaxime Lachamp est un paléoanthropologue vivant dans la région rennaise. Ce scientifique de 35 ans, spécialiste du Pré-Néanderthalien, est respecté dans son milieu, en tant que découvreur de l’Homo Octavius. Avec son collègue et ami Guillaume Varney, il prépare un prochain colloque réunissant des sommités dans leur domaine. Maxime Lachamp est marié à Nathalie, vaguement comédienne, qui répète actuellement une improbable pièce de théâtre. Après une chute à vélo en forêt, Maxime est convalescent dans la clinique du Dr Sandeau. Il est moins atteint que ne le suggère le neuropsychologue. S’il n’a pas les idées claires, des bribes de souvenirs lui reviennent bientôt. Dans la forêt, il a été agressé par deux hommes qui l’ont contraint à enterrer un cadavre. Un de ses amis connaît un policier de la police judiciaire, le commissaire Workan. Maxime le contacte.

Rendez-vous est pris avec l’irascible Lucien Workan sur les lieux supposés où se passa la scène. Il n’y a pas le moindre cadavre à l’endroit où il l’a enterré. Le policier déteste les olibrius de ce genre, qui lui font perdre son temps. Il fait un détour pour interroger le Dr Sandeau à la clinique. Il n’est guère plus avancé, ce dernier n’évoquant qu’un léger traumatisme provoquant une cyclothymie. Un fait étrange va perturber davantage encore Workan. On vient de trouver un cadavre inconnu à la morgue. Savoir comment il est arrivé dans ce tiroir n°13 reste un mystère. Quant à identifier ce mort sans papiers, congelé, nu et intégralement rasé, c’est aussi impossible que de pratiquer rapidement à l’autopsie. Poser des questions à divers témoins n’aide pas vraiment Workan. Et les agaceries de sa jeune collègue et amante Leila ne risquent pas de calmer le commissaire.

Maxime Lachamp est victime d’une deuxième mésaventure quasi-identique à la première. Vérification faite, c’est une carcasse de boucherie que deux hommes l’ont obligé à enfouir dans le sol, en forêt. De quoi agacer Workan, cette mise en scène, surtout de la part d’un scientifique sérieux. Le colloque à venir sur les hypothèses contradictoires concernant les Néanderthaliens, ça ne l’intéresse que modérément, même s’il peut imaginer un lien entre les deux affaires. L’autopsie du corps inconnu de la morgue révèle qu’il a été tué par un os de mammouth. Et que son estomac contient un œil de singe intact, possiblement un œil de bonobo (98.7 % de gènes communs avec les humains, le policier ne l’ignore pas). Visiter une expo consacrée aux mammouth ne fait pas avancer l’enquête. Quand Maxime Lachamp l’appelle une troisième fois, toujours le même scénario, c’est la garde à vue assurée. D’autant qu’il pouvait vouloir tuer la victime, bien réelle…

Cette enquête étant particulièrement tarabiscotée, il est fort incertain que le lecteur perdu dans ce dédale identifie le coupable et ses motivations. L’essentiel n’est pas là. L’univers du commissaire Workan prime sur ses investigations. Car ce policier caractériel et brutal est véritablement un personnage peu commun. Ce sont ses excès qui offrent une belle part d’humour au récit, évidemment. Peut-être un suicide ? tenta Roberto Bien sûr, acquiesça Workan, il s’est donné un coup de couteau à l’estomac, puis au poumon droit et il a terminé par les intestins. Ce n’est plus un suicide mais de l’acharnement thérapeutique, il tentait de tuer un virus baladeur non dépourvu de malice. Workan porte un regard de misanthrope sans bienveillance sur tous ceux qu’il doit côtoyer. Il n’a rien d’un héros consensuel, ce qui constitue son atout principal. Ensuite, il suffit de le suivre au gré des évènements et de ses humeurs. Hugo Buan cultive avec délices une ambiance singulière, dirigeant sur un ton enjoué et selon sa fantaisie de sinueuses intrigues. C’est ainsi qu’il crée une complicité avec le lecteur (si celui-ci n’est pas un rabat-joie). Ce quatrième roman de la série Workan est très agréable à lire, aussi réussi que les précédents.

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