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Les chroniques polars et bédé        de Claude Le Nocher - ABC POLAR

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Larbi Naceri : Bacalhau ! (Don Quichotte Éd., 2014)

Larbi Naceri : Bacalhau ! (Don Quichotte Éd., 2014)

Âgé de vingt-cinq ans, fils de Pietro et de Marie, Vindo Rodriguez est un des enfants d'une famille portugaise de Montreuil. Il y a aussi les jumeaux de douze ans, la sage Charlotte et l'infernal Gustavo, ainsi que le petit frère Zef. Que Vindo ne soit pas un acharné du boulot, ça crée quelques tensions avec son père. La maternelle Marie sait calmer ces problèmes. Ce jour-là, dans une brasserie, Vindo croise une séduisante quadragénaire blonde, Carole. Vivant avenue Foch, c'est l'épouse d'un crack de la chirurgie, le Professeur Jack Bauve. Il possède une clinique spécialisée pour le gratin qu'il fréquente. Si cette activité lui octroie de copieux bénéfices, Jack Bauve fait aussi de la chirurgie humanitaire à travers le monde. Éprise de son mari, Carole a depuis quelques temps des doutes sur sa fidélité, et voudrait être rassurée. Pour trois mille Euros, elle charge Vindo de le surveiller.

Le jeune homme se sent à la hauteur de sa mission. Il doit dans le même temps s'occuper de Gustavo, dit Tav. C'est le genre de gamin pas attendrissant pour un rond. On le déteste dès qu'on le voit, vu qu'on devine le sac d'embrouilles qu'il est capable de créer. Dans le quartier, lui et ses copains sont redoutés. D'autant que, farci de jeux vidéos, Gustavo s'est inventé un univers de SF. Dans ses délires, il est le Captain Mglug, chassant les ennemis Grunters. Traîner ce boulet n'enchante pas Vindo. Surtout que, s'agissant d'une affaire qui nécessite espionnage et filature, le môme prend vite son rôle très au sérieux. Le duo suit discrètement la Jaguar du chirurgien, de sa clinique jusqu'à un immeuble près duquel il se gare à la va-vite. Ça peut ressembler à un rencard amoureux, à moins que ce soit l'appart' secret de Jack Bauve, puisqu'il n'en repart pas du reste de la journée.

Le lendemain, suite de la mission. Le chirurgien semble bien avoir disparu. Son véhicule mal garé est un indice. Avant d'explorer l'appartement, Vindo fait appel à son meilleur ami, Bousel. Ce grand Noir, c'est le roi de la débrouille. Là, rien de difficile, vu que les clés étaient sous le paillasson, ce que Vindo n'avait pas remarqué. À l'intérieur, ils trouvent tout un équipement chirurgical. Et, dans une chambre style clinique, le cadavre de Jack Bauve. Ça sent le roussi, d'autant que les flics débarquent bientôt. Dans la débandade du trio (car Gustavo est aussi de la partie), Vindo se planque dans un logement voisin, pour gagner un peu de temps. Il sympathise rapidement avec l'habitante du lieu, Claire, dite Ninouche. En regardant la télé, Vindo réalise qu'il a été identifié par la police. Sortir de cette situation problématique s'annonce franchement compliqué...

 

Scénariste et comédien, Larbi Naceri n'en est pas à son premier roman. Aux Éditions du Toucan, il a publié “Les Mat-Sperone – À l'arrache” (2008) et “Récidives” (2010). Sachant qu'il a coécrit plusieurs films d'action, on comprendra que ce suspense offre un festival de péripéties. Dans la meilleure tradition de la comédie policière, le héros est embarqué au cœur d'aventures qui le dépassent. Flanqué de deux partenaires qui ne lui simplifient pas tellement la tâche, on s'en doute, il fait le maximum pour passer entre les mailles du filet. Notons que ce lascar de banlieue est de famille portugaise, et non d'origine arabe, ce qui apparaît moins caricatural. Sa tendre mère est Normande, comme celle des frères Naceri.

Si le narrateur Vindo est sympathique, et pas exempt d'une certaine naïveté, on retient en priorité le personnage de son jeune frère Tav. Avec lui, l'imaginaire d'un enfant de son âge est multiplié par dix ou par cent. Captain Mglug dirigeant ses troupes, détective vengeur, il contribue en grande partie à la tonalité humoristique de ce roman. On pourrait discuter le langage “djeunes”, toujours un brin artificiel, un détail vite effacé par la vivacité du rythme de l'histoire. L'auteur n'oublie pas de glisser quelques réalités sociales, tel le cas de Bousel qui a autant de mal à trouver un logement qu'un boulot, en raison de sa couleur de peau. Une visite à la Tour Balzac nous rappelle également, de façon souriante, le quotidien dans certains HLM. Si le récit est très drôle, avec un tempo agité, on n'en oublie pas l'intrigue criminelle, car il y a bien un ou des coupables dans cette affaire. Un suspense réjouissant.

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