Anne-Solen Kerbrat-Personnic : Dernier tour de manège à Cergy (Ed. du Valhermeil,2005)

Le cadavre d’une jeune fille dénudée est découvert sur le manège de la base de loisirs de Cergy-Neuville. Le policier Jean-Louis Perrot enquête. Juliette, 16 ans, était la fille de Paul Bordenave et Céline Goodwill, divorcés. Le père, absent la veille, et sa compagne sont bouleversés. La mère ne masque pas sa propre fragilité. La victime devait passer la nuit chez son amie de lycée, Adèle Corre. Celle-ci ne peut expliquer ce qui s’est produit. Le policier est intrigué par deux proches de Juliette : sa tante Marianne, antiquaire, et son oncle Louis, peintre. Leur sensibilité s’accorde mal avec le clan des Aciéries Bordenave, aujourd’hui dirigées par leur frère Paul.

L’ex-petit ami de Juliette n’est pas suspect. Elle était enceinte de son nouvel amant, non identifié. L’oncle Paul a un alibi : Baptiste, étudiant aux Beaux-Arts. Des détails de la macabre mise en scène criminelle peuvent provenir de chez Marianne. Perrot perce les secrets de famille qui ont perturbé l’antiquaire et le peintre. Le policier est sensible au charme de Céline, laquelle reste marquée par le décès brutal de son père adoré. Un témoin fournit une piste sérieuse : il a vu Jérôme Corre et sa maîtresse sur la base de loisirs cette nuit-là. Le père d’Adèle a déjà eu des ennuis avec une mineure. Il a facilement pu s’éloigner de la soirée de fête constituant son alibi.

Si son supérieur est satisfait de l’arrestation de Corre, Perrot ne néglige pas d’autres hypothèses. Les mœurs du clan Bordenave posent bien des questions. Un client fétichiste de Marianne mériterait d’être interrogé, mais on ne peut le joindre. Sa voix particulière est remarquée par le policier. On ne doute pas de la sincérité de Louis, qui adorait sa nièce. Mais Baptiste n’a pas passé toute la nuit avec Louis. Plus bi que gay, l’étudiant était l’amant de Juliette. Fils bâtard du père de Céline, il se vengea en s’attaquant à la jeune fille. Il crache ses aveux à Louis et aux enquêteurs…

Voilà un premier roman très séduisant. Fort bien construit, il s’inscrit dans la meilleure tradition des intrigues psychologiques. Tous les portraits sont finement ciselés, y compris pour les personnages annexes (le légiste mélomane, par exemple). Fausses pistes et suspects variés contribuent à la qualité de l’énigme. Surtout, les lourds secrets de famille planant sur l’affaire créent une ambiance chargée de mystère. Notons aussi quelques aspects souriants. Une histoire vraiment réussie.