Gérard Delteil : L'inondation (Ed.Archipoche)

Début janvier 2011, la crue de la Seine menace Paris. On craint une inondation plus grave que celle de 1910. Car l’électricité, partout présente aujourd’hui, ne supporte pas l’eau. Martine Perlican, la préfète de région, gère au mieux la situation. Ses rapports sur la prévention des risques d’inondation n’ont jamais été suivis d’effets. Gamelin, n°2 d’Europe Télécom, dirige une cellule de crise. Collard, un de ses cadres, a pour mission de récupérer des parpaings afin de protéger leurs installations. Sarah Brandt, fanatique au service d’une puissante secte, va favoriser l’Apocalypse. Elle et d’autres endoctrinés font sauter quatre barrages pour augmenter le niveau des crues. Un vieux truand recrute deux jeunes complices. Dans le nouveau Forum des Halles, envahi par les eaux, ils vont cambrioler les bijouteries sans alarme. Rue Daubenton, les habitants d’un immeuble s’organisent. Nicolas, de la Protection Civile, n’y ménage pas ses efforts pour contenter tout le monde. Piles et bougies manquent　: le marché noir profite à ceux qui en ont stocké.

L’évacuation de la population est chaotique. La famille de Collard (bloqué à Europe Télécom) fait partie des "réfugiés". Après avoir sauvé deux personnes, Sarah Brandt disparaît. On la croit noyée　; elle prépare un attentat contre la préfète, afin d’ajouter au désordre. Martine Perlican devine que les politiques l’ont choisie comme fusible. Bouc émissaire idéal, elle est trahie par son séduisant chef de cabinet. Chez Europe Télécom, Gamelin a disjoncté. Dictatorial, il séquestre ses cadres – qui vont finalement se rebeller. Toutefois, la mauvaise gestion de la crise n’est pas seulement due au hasard. Les cambrioleurs du Forum se vont voler leur butin. Courageux, l’un d’eux peut espérer un avenir plus stable. Rue Daubenton, Nicolas reste actif jusqu’au bout. Ces derniers font partie des douze héros honorés pour redorer le blason gouvernemental. La préfète accepte sa disgrâce avec fatalisme. Retour à une vie normale…

Le manque de prévention, de moyens, de solidarité, ainsi que diverses incompétences, ne font qu’aggraver de telles catastrophes. Quelques mois après la sortie de ce livre, le cas de la Nouvelle Orléans l’a démontré. Gérard Delteil s’est parfaitement documenté sur son sujet. Il nous invite à suivre différents protagonistes dans le chaos causé par la crue. Le scénario est solide et maîtrisé; la narration est d’une agréable fluidité. On reconnaît les qualités habituelles de cet excellent romancier. Cette "illustration par l’exemple" s’avère passionnante.