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Les chroniques polars et bédé        de Claude Le Nocher - ABC POLAR

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Yves Ravey : Enlèvement avec rançon (Les Éditions de Minuit, 2010)

RAVEY2010Max est comptable depuis vingt-deux ans dans l’usine de Salomon Pourcelot. Il habite seul la maison de ses parents. Son frère Jerry s’est exilé en Afghanistan depuis deux décennies. Son père est décédé, sa mère séjourne en maison de retraite médicalisée. Cette nuit-là, Max et Jerry franchissent la frontière avec la Suisse toute proche, passant en fraude par la montagne. La présence de Jerry doit être la plus discrète possible, car il n’est revenu que pour un kidnapping. Il s’agit pour les deux frères d’enlever Samantha, la fille de Salomon Pourcelot. Ils comptent réclamer cinq cent mille Euros de rançon. Toujours autoritaire, Jerry dirige l’opération en professionnel. Le rapt se déroule sans anicroche. La jeune femme est bientôt séquestrée dans la chambre des parents de Max et Jerry, sous la surveillance de ce dernier, insensible à ses récriminations.

Comme tous les jours, Max rejoint l’usine à vélo. À peine arrivé, la secrétaire Clotilde lui annonce que le patron veut le voir. Pourcelot prétexte une dette de jeu pour demander à son comptable de réunir le demi-million d’Euros. Il y en a une petite moitié en liquide dans son coffre-fort personnel. Le reste, Max va le chercher à la banque. Puisque tout semble conforme, la demande émanant du patron de l’usine, les employés de la banque n’ont pas de raison de s’interroger longtemps. Avec la complicité de Clotilde, Max fait quelques achats, des sacs de sport destinés à répartir la rançon entre son frère et lui. Le comptable donne la somme en liquide à Pourcelot, avant de regagner son domicile. Jerry l’y attend. Il a maintenant hâte d’en finir. Certes, il maîtrise la situation, mais des imprévus restent possibles. Plus que quelques heures avant l’échange contre la rançon.

Quand Samantha est chargée à l’arrière de leur fourgon Ford, l’opération débute. Une nette tension règne entre les deux frères. Malgré ses affirmations, Jerry n’est sans doute pas insensible au charme de Samantha. Rendez-vous a été fixé avec Salomon Pourcelot à la scierie, à l’autre bout de la ville. C’est Jerry qui mène l’affaire, avec son habituelle froideur. Après avoir reçu les billets, il enferme la fille et le père dans la Vel Satis de Pourcelot. Les deux frères se dirigent vers la gare, où Jerry est censé prendre le dernier train du soir. Mais des hommes rôdent anormalement à cette heure sur les quais et autour de la gare. Pour Jerry et Max, il est préférable de prendre la fuite. Ils rentrent à la maison, où le comptable dispose d’une parfaite planque pour le butin…

Sachant qu’il ne s’agit pas exactement d’un pur polar, il est prudent de dissocier le thème et la manière. Les cas d’enlèvements constituent un des grands sujets de la littérature policière. Évidemment, ce sont des histoires où l’on s’attend à une entourloupe. Pour les héros, ça passe ou ça casse. Ils ne sont pas certains de s’en tirer victorieusement : ils appartiennent fatalement au cercle des suspects. L’auteur joue sur ce dernier aspect avec une belle dextérité. Max, le narrateur, comptable sans charisme, apparaît comme le maillon faible de l’opération. Jerry est, quant à lui, de la race des combattants. Advienne que pourra !

Second point, la tonalité du récit est minimaliste, elliptique. Peu de protagonistes dans cette affaire qui doit se dérouler en moins d’une journée, ceci explique en partie ce choix. Ce qui n’empêche ni les péripéties à suspense, ni de pointer tel détail sur la relation entre les deux frères ou sur l’évolution du kidnapping. Même quand le propos est plutôt allusif (le rapport entre Samantha et Jerry), on sent un souci de précision, de véracité. Cette subtilité dans la forme est extrêmement agréable. Un roman de belle qualité.

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